Lorsque j’étais plus jeune,
j’aimais bien taquiner mon entourage, parfois même avec un humour assez
caustique. Finalement, après avoir
sérieusement blessé plusieurs personnes de mon entourage, j’ai compris que ce
qui me faisait rire n’amusait pas les autres, particulièrement ceux qui étaient
concernés. Il a fallu m’excuser à de nombreuses reprises afin de récupérer
certains de mes amis. Plus tard, je me rappelle même avoir repris ma mère alors
âgée d’environ 80 ans prétendant qu’à son âge, elle pouvait se permettre de
dire tout ce qui lui passait par la tête sans se demander si cela pouvait
déplaire. Je vous dis tout cela pour en arriver à Charlie Hebdo.
Bien sûr, je ne cautionne
d’aucune façon les gestes violents qui ont été posés par certaines personnes à
l’égard du personnel du journal et des autres victimes. Il fallait utiliser
d’autres moyens pour faire connaître son mécontentement sur le contenu du
journal : des manifestations, des dénonciations auprès d’organismes gouvernementaux,
des poursuites, des interventions de personnes influentes, etc… Mais pour moi,
les gestes violents que la France a vécus ne justifient pas l’humour incisif
du Charlie Hebdo. Beaucoup de gens dont
une bonne partie des Français se sont portés à la défense de la liberté
d’expression particulièrement de la liberté de presse, alors qu’il fallait tout
simplement s’en tenir à dénoncer la violence. J’ajoute même que de porter le
débat sur la défense de la liberté d’expression ou jusqu`à la défense de la démocratie va faire
augmenter cette violence que l’on veut dénoncer. Montrer que ces actes violents
ont ébranlé nos fondements et entendre nos politiciens défendre contre tout
vent la démocratie justifient pour certaines personnes la commission de ces
actes. Je suis convaincu que d’autres attentats se préparent pour que certains
jouissent de nouveau.
Revenons maintenant sur la
deuxième partie de mon propos. Qu’en est-il de la liberté d’expression? Est-ce
les médias ont tous les droits en matière
de liberté d’expression? Je ne crois pas que la liberté de publier un journal
vient avec la liberté d’irriter ses voisins, particulièrement en ce qui est
sacré pour eux. Le respect des autres est et doit être la limite de la liberté d’expression.
Dans nos sociétés occidentales, beaucoup ont abandonné leurs principes
religieux, mais d’autres pas. Et, ces derniers doivent être respectés. Encore,
est-ce que la liberté d’expression doit permettre aux médias de publier les
manifestes des gens qui ont perpétré des actes de violence? Je crois que non,
car publier les manifestes de gens violents leur accorde une importance qu’il
faut justement ne pas encourager. Encore, un journal a tenté de rentrer en
contact avec des gens violents pendant les poursuites policières à la suite de
l’attentat du Charlie Hebdo. Pour moi,
il s’agit ici d’une grave irresponsabilité du média qui est intervenu pendant
une opération policière d’envergure. Et ceci aussi devrait être sanctionné.
Justement, vous allez me dire
qu’il y a des conseils de presse pour cela. Ils servent de tribunal en matière
de média, mais ils n’ont qu’une autorité morale pour les médias qui ont choisi
d’y adhérer. Et Il faut aussi savoir que ces conseils de presse sont dominés
par les gens provenant du milieu des médias. Ceci enlève une bonne partie de la
crédibilité des conseils de presse.
Il faut plus et mieux en matière
de média. Je crois qu’il faut un véritable débat dans nos sociétés sur ce
qu’est la liberté d’expression et les limites qu’on doit imposer. Et il faut
tenir un débat le plus large possible et y inclure toute la question de la
pornographie qui est largement diffusée sur internet, la vie privée des
vedettes ou toute autre question pertinente. Il faudra sûrement déboucher sur
un tribunal des médias qui aurait la possibilité d’imposer des sanctions
monétaires ou des interdits de publication sur une certaine période ou des
interdits de publications permanentes si nécessaire.
Pour en revenir à moi et à mon
sens de l’humour, je me rappelle une soirée où je me plaisais à rire des
participants. Il a fallu que je me taise lorsque l’un d’eux est venu me
demander de venir régler mon problème dehors. J’ai appris alors que rire est un
art qu’il faut manier avec subtilité et qu’il se pourrait que nos victimes ne
nous trouvent pas aussi drôles. En ce cas, il faut penser à faire amende
honorable et tout au moins, à s’excuser et … ne pas répéter.
Les erreurs des uns ne justifient
pas les erreurs des autres. Cette petite phrase peut certainement s’appliquer
dans beaucoup de situations. Hélas!
Mais voilà, c'est déjà recommencé au Texas...