Pour s'en sortir, apprenons à régler nos conflits

Franchement, le Québec n'est pas dans une position enviable. Avec une dette importante et peu de marge de manoeuvre, une industrie qui nous déserte et une population vieillissante, les perspectives d'avenir sont plus ou moins incertaines dans notre chère province et, tout cela, dans une atmosphère constitutionnelle instable. Ce dernier conflit est bien connu, mais il fait ombrage à bien d'autres, tout aussi préoccupants. Voilà le pourquoi de cet article.

La fiscalité est un outil qui a été développé pour répartir la richesse entre les citoyens: prendre des plus riches pour transférer cet argent aux plus pauvres. Il faut souligner l'Intention du principe. Les plus riches ont des taux d'impôt plus élevé que les plus pauvres, mais qu'en est-il lorsque des exemptions d'impôt sont accordées aux riches? C'est ainsi que l'on crée un conflit de mission. Le principe de base est d'imposer les plus riches, mais c'est contraire à sa mission que d'accorder des exemptions à ceux-ci. Et il existe plusieurs de ces conflits dans notre système fiscal: les REER, les fonds de pension, les CELI, l'exemption sur le gain de capital, les crédits d'impôts pour don de charité, etc... Vendre de l'alcool directement via la SAQ est aussi un conflit de mission, lorsque l'on considère que nos gouvernements légifèrent sur la consommation dans ce domaine. On a même fait de la publicité pour indiquer le nombre de consommations que l'on peut prendre tout en respectant la seule limite permise. Ceci est même somme toute odieux. D'autres exemples notables de conflits de mission: taxer le tabac (nuisible à la santé) et les carburants (nuisible à l'environnement).
Le premier conflit nous amène au deuxième: le conflit de génération. Accumuler une dette tout en accordant des exemptions aux mieux nantis favorisent nettement les personnes plus agées au dépens des plus jeunes. D'ailleurs, ceux-ci dans la situation actuelle devront assumer nos dettes importantes pendant que les plus vieux ont caché, si on peut dire, leur argent dans les fonds de pension de toutes sortes. Un exemple criant: la Régie des Rentes réglera son déficit actuariel par une augmentation des cotisations actuelles payées par les plus jeunes. Avec une population vieillissante, les jeunes ont perdu leur poids politique et doivent donc subir les choix des plus vieux.
Attaquons-nous maintenant aux conflits de juridiction. Un exemple: tous les programmes d'investissement (sur 10 ans, plusieurs centaines de milliards) dans les infrastructures urbaines à financement multi-gouvernemental en sont. De juridiction municipale, le coût de ces programmes s'enflamme quand on y mêle les deux autres paliers gouvernementaux: le fédéral et le provincial. Le principe cher de l'imputabilité disparaît instantanément pour voir apparaître le jeu du chat et de la souris entre les différents paliers. D'ailleurs, dans un article publié dans un quotidien et intitulé Le chaînon manquant, j'avais étalé ce problème ayant même favorisé la corruption dans les municipalités. On retrouve ces conflits dans le transport urbain et dans la culture. J'inclus dans ce type de conflit les taxes scolaires, car celles-ci n'autofinancent pas l'éducation créant au passage des conflits linguistiques.
Taxer les carburants pour financer le transport en commun est un bel exemple de conflit d'intéret. De fait, les deux systèmes de transport sont des concurrents qui s'arrachent une clientèle. Financer un concurrent en taxant l'autre favorise le tout premier en nous exposant à une grave crise de transport généralisée. Ne nous leurrons pas. Nous n'en sommes pas à notre première crise d'approvisionnement en pétrole et d'autres sont à prévoir. Si une partie importante des automobilistes abandonnent ce système pour opter pour le transport en commun, celui-ci sera en grave crise financière étant donné la perte de revenu des taxes sur les carburants et les droits sur l'immatriculation. Et la crise s'accroîtra, car il pourrait être impossible de maintenir le transport en commun vu le manque de revenu.
Finalement, j'aimerais aborder la question des conflits internes. Nous retrouvons particulièrement cette situation dans le transport en commun. La moitié du financement environ est obtenu via les subventions municipales; or, ces subventions sont puisées à même les taxes municipales. La conclusion de toute l'affaire est donc la suivante: les taxes municipales subventionnent le transport municipal ou un outil de répartition de la richesse (taxes municipales) subventionne un autre outil de la répartition de la richesse (transport en commun à prix réduit) et à l'intérieur de la même entité (la municipalité). Voilà une bonne façon de perdre le contrôle des coûts. Ainsi plus personne n'a aucune idée du coût réel des services et aucune autre alternative ne peut être proposée car la comparaison des couts des différents systèmes est impossible. Je cite un autre exemple: les taxes et les impôts. Si les gouvernements baissent les impots, les dépenses faites avec ces économies seront ensuite pour la plupart taxées par le même gouvernement.
Probablement qu'il y a d'autres conflits que ceux que j'ai énuméré ici. Ceux qui en ont vu peuvent m'écrire. Mais, pour conclure, il y a moyen de régler tous ces conflits et la plupart d'entre eux n'exigent pas de changement constitutionnel. Mais, je sais une chose que je n'ai jamais entendu un seul politicien mentionner un iota du contenu de cet article. Si ceux-ci prétendent faire une révision des services gouvernementaux, régler les conflits mentionnés ci-dessus est une priorité. Pourquoi? Simplement parce que la révision des services ne sera pas la même une fois que les conflits seront réglés. D'ailleurs, je ne crois pas qu'aucun politicien, et je le répète, aucun politicien ne pourra redresser la situation critique de notre province tout en maintenant tous les conflits mentionnés ci-dessus.
Vous allez me dire que tout ça n'est que de la rhétorique. Moi, j'appelle cela du GROS BON SENS et s'en écarter n'est jamais bon pour quiconque, surtout lorsque l'on répète les mêmes erreurs depuis de nombreuses années comme nous le faisons chez nous. Beaucoup de gens m'abordent en me suggérant que pour changer les choses, il suffit de se présenter en politique. Ma réflexion personnelle m'a amené à une toute autre conclusion. Si je le fais, je perdrai automatiquement ma liberté de penser et de parole étant soumis au marchandage avec tous les groupes composant notre société.
Et si faire ce que je fais était ça faire de la politique.

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